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HISTOIRE

dessus du clergé séculier qu’ils devaient finir par maîtriser. Dirigés par la main habile de Rome qu’ils reconnaissaient pour seule maîtresse, avec ces trois grands moyens, l’école, la chaire et le confessionnal, que ne pouvaient-ils pas espérer ? Leurs couvens devinrent en peu de temps les meilleures écoles de l’Europe. Séparés du monde, ils formèrent une espèce de république intellectuelle, soumise à la discipline la plus stricte, et dont le mot d’ordre était obéi d’une extrémité de la terre à l’autre, partout où elle avait des membres. Son influence s’étendit en peu de temps sur les savans et sur les ignorans, sur les trônes les plus élevés et sur les plus humbles chaumières. Les Jésuites présentèrent pour la seconde fois le phénomène d’hommes qui, saisis d’une ambition et d’un héroïsme religieux qui méprisait tous les obstacles, allaient soumettre les infidèles à la foi, non pas comme les croisés, par le fer et la flamme, mais comme le Christ, par une éloquence persuasive qu’ils portèrent, au milieu des fatigues et des dangers, jusqu’aux extrémités du monde. Ils firent briller la croix des rives du Japon aux forêts du Nord-Ouest de l’Amérique, et depuis les glaces de l’Islande jusqu’aux îles de l’Océanie. De quelque manière que l’on envisage un pareil dévouement, l’on ne peut s’empêcher d’admirer une résignation si profonde chez des hommes