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DU CANADA.

ou moins raisonnables, plus ou moins exagérées, des chefs de ce nouveau pays sur lequel chacun voulait exercer sa domination, un sentiment de regret est seul permis en présence de ces funestes dissensions.

M. de la Barre vint remplacer le comte de Frontenac comme gouverneur général de la Nouvelle-France. C’était un excellent marin, qui s’était distingué par des faits d’armes glorieux contre les Anglais dans l’archipel du Mexique, où il s’était emparé d’Antigua et de Montserrat, mais qui se montra en Canada un administrateur médiocre, manquant à la fois de cette souplesse qui élude les obstacles, et de cette grandeur qui en impose, nécessaires pour négocier avantageusement avec les Indiens.

La première nouvelle qu’il apprit en mettant le pied à terre, c’est que la guerre était commencée entre les cinq cantons et les Illinois alliés de la France. L’on s’attendait à tout instant à voir paraître les bandes des premiers dans la colonie. Dans ces circonstances, loin d’apaiser les dissensions qui y régnaient encore, et de rallier tous les partis à lui, il se laissa préjuger contre les amis de son prédécesseur, parmi lesquels se trouvaient des hommes habiles et qui justifiaient la réputation de leur chef ; et il ne cacha point ses préventions à leur égard. Cette politique ne pouvait être