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HISTOIRE

sa conduite, le fit retirer dans une salle voisine sous la garde de l’huissier, en attendant que le conseil eût opiné sur ce qu’il y avait à faire dans cette urgence. Ce corps décida tout d’une voix que la prétention de M. l’abbé Fénélon ne pouvait être admise d’autant plus qu’il comparaissait comme accusé. Il fut ramené devant le conseil ; mais persistant à ne pas le reconnaître comme son tribunal légitime, et à refuser de répondre à ses interrogatoires, il fut mis aux arrêts.

La situation des choses en Canada dans le moment, montrait le danger de la doctrine invoquée par les ecclésiastiques de ne reconnaître pour juge légitime que leur évêque. Lorsqu’un violent antagonisme divisait le gouverneur et cet évêque jusqu’au point d’entraîner des voies de fait chez leurs partisans, si chacun des deux rivaux avait eu un tribunal pour juger ses amis et ses créatures, quelle justice, quelle unité aurait-on pu en attendre ? Il est évident qu’il y aurait eu dès lors deux pouvoirs en opposition dans l’État, et que la société aurait été en conséquence bouleversée.

D’un autre côté, comme les offences de M. Perrot et de l’abbé Fénélon étaient personnelles au comte de Frontenac, celui-ci parut exercer un pouvoir exorbitant et dangereux, en cumulant avec ses autres fonctions celles de