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HISTOIRE

difficile, elle put s’occuper de suite de choses plus utiles pour le pays. L’intendant avait des vues élevées et de l’indépendance dans le caractère : il jugea au premier coup-d’œil de quelle importance le Canada était pour la métropole, et il réclama la liberté du commerce pour les colons qui avaient déjà fait des représentations à cet égard par leur syndic M. Jean Le Mire au conseil souverain (1668). Il insista sur leur émancipation de la compagnie des Indes occidentales qui voulait faire peser sur eux un affreux monopole. Si sa majesté, dit-il dans son rapport du mois d’octobre 1665, veut faire quelque chose du Canada, il me paraît qu’elle ne réussira, qu’en le retirant des mains de la compagnie ; et qu’en y donnant une grande liberté de commerce aux habitans, à l’exclusion des seuls étrangers[1]. Si au contraire elle ne regarde ce pays que comme un lieu propre à la traite des pelleteries et au débit de quelques denrées qui sortent de son royaume, elle n’a qu’à le laisser entre les mains de la compagnie. Mais en ce cas, elle pourrait compter de le perdre ; car sur la première déclaration que cette compagnie y a faite d’abo-

  1. Une lettre du conseil souverain à M. Colbert qui se trouve au long dans ses procès-verbaux de 1668, contient entre autres choses la même recommandation.