Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/366

Cette page a été validée par deux contributeurs.
367
DU CANADA.

à coup en Canada, et proclama l’intention d’y fonder un monastère pour s’y renfermer le restant de ses jours. L’on observa que quelque chose de mystérieux et de gêné enveloppait la conduite de cet étranger, qui se retira durant quelque temps dans les forêts de Kamouraska, où il s’éleva une cabane à la manière des anachorètes. Cachant soigneusement ses principes et son nom, il y vivait en ermite, se prosternant devant tous ceux qu’il rencontrait et leur baisant les pieds avec grand accompagnement de paroles édifiantes. Mais le Canada n’est pas un pays favorable aux ermites ; un hiver de six mois, et quatre pieds de neige sur le sol en chasseront toujours les mystiques contemplateurs du désert. Sous prétexte que sa cabane avait pris feu, l’inconnu fut bien aise d’abandonner sa retraite pour aller vivre à Québec, dont tant d’institutions religieuses et monacales devaient lui rendre le séjour agréable. Il trouva moyen de s’introduire dans les principales familles et dans les couvens, qu’il fréquentait avec une grande assiduité, lorsqu’une lettre d’Europe arrive au gouverneur. Cette lettre dévoila tout. Il fut reconnu pour Dom George François Paulet, bénédictin corrompu par les pernicieuses maximes jansénistes, et redemandé par le supérieur de son monastère, dont il s’était secrétement échappé.