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DU CANADA.

Ces dîmes furent fixées au treizième, proportion exorbitante qui souleva une opposition générale dans la colonie. Cette taxe n’exista que quatre ans. Le conseil souverain prit sur lui, en 1687, de réduire les dîmes au vingt-sixième, et d’en affranchir les terres nouvellement défrichées pendant cinq années ; mais alors elles devaient se payer en grain et non en gerbes. Cet arrêt, confirmé par l’édit de 1679, a toujours depuis fait partie de notre droit, malgré l’opposition de ceux qui soutiennent cette prétention, qui doit sonner si mal aux oreilles d’un peuple libre, que l’imposition de la dîme est une matière purement spirituelle dont les lois civiles ne peuvent connaître.

M. de Pétrée n’avait eu que des motifs louables pour demander une pareille contribution, car l’on savait qu’il sacrifiait tout ce qu’il avait pour supporter son clergé ; mais il s’était mépris sur les ressources des habitans, et sur l’effet désastreux qu’aurait pour eux une taxe qui absorberait d’un coup le treizième de tous les produits de la terre, ou 8 pour cent sur le revenu net du cultivateur.

Les Récollets profitant de cette espèce d’insurrection, offrirent pour se mettre plus en faveur auprès du peuple, de desservir les cures gratuitement ; cet excès de zèle imprudent ne fit qu’augmenter l’éloignement que le clergé