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HISTOIRE

passions ou leurs intérêts, soit qu’ils désirassent en profiter pour travailler à l’avancement du pays.


L’on ne devait pas attendre non plus de Louis XIV, du monarque le plus absolu qui ait régné sur la France, des institutions qui portassent en elles-mêmes seulement le germe d’une liberté fort éloignée. Tandis qu’il arrachait à la mère-patrie les derniers privilèges qu’elle avait conservés jusque-là, il n’était pas probable qu’il suivît une conduite contraire pour des possessions dont il craignait l’esprit de liberté, tellement qu’à la fin de son règne, lorsqu’il ne gouvernait plus que du fond du cabinet de madame de Maintenon, il voulut que le nom du conseil souverain fût changé en celui de conseil supérieur, afin d’ôter toute idée d’indépendance, en écartant jusqu’au terme de souveraineté dans un pays éloigné, où les révoltes auraient été si faciles à former, et si difficiles à détruire. Ce sont dans les mêmes vues qu’on n’a choisi pendant longtemps pour les premières places que des gens nés en France, et dont les familles fussent une espèce d’ôtage de leur fidélité. On ne mettait aussi dans les secondes, non plus que dans le clergé, que peu de Canadiens. On devint néanmoins plus facile dans la suite, et l’on ne se fit plus scrupule de leur donner les