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HISTOIRE

À cette opposition d’une partie de son conseil, le gouverneur proposa à M. de Pétrée d’en changer les membres ; mais le prélat s’y refusa constamment, comme on devait s’y attendre. À partir de ce moment l’on n’entend plus parler de municipalités en Canada ; mais la charge de syndic continua de subsister encore. Nous nous sommes étendus sur cette importante institution, parceque c’est la seule élective qui fut établie dans ce pays. Le germe de liberté qu’elle renfermait lui suscita toutes sortes d’obstacles, et l’on est fâché de voir que M. de Pétrée était du nombre de ses ennemis ; du moins c’est de la part de son parti qu’elle rencontra toutes les entraves dont nous venons de parler.

Il est digne de remarque que l’ordonnance ne parle point de l’impôt. La métropole fut-elle arrêtée par le principe, consacré en France comme en Angleterre, que la taxe doit être consentie par le peuple, ou par le souverain lorsqu’il est le seul dépositaire de la puissance publique ? Nul doute ne peut exister à cet égard. Louis XIV en disant, l’État c’est moi, n’avait pas prononcé un vain mot ; et il en exerça tous les pouvoirs sous ce rapport en Canada, au conseil duquel il ne délégua jamais le droit de taxer. Lorsqu’il fut question de fortifier Montréal vers 1716, il imposa lui-même