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DU CANADA.

volonté, et rien ne l’obligeait à en suivre les décisions. Le baron d’Avaugour usa de ce droit plus qu’aucun autre. Mécontent de la manière dont les affaires se conduisaient dans la colonie, il le changea entièrement en 1662. L’on pouvait appeler de ce conseil au parlement de Rouen, qui jugeait en dernier ressort.

Cependant l’union qui avait régné entre les premiers habitans ne pouvait pas toujours durer ; elle diminuait effectivement peu à peu à mesure que la colonie augmentait et que les affaires se multipliaient et devenaient plus difficiles. Les plaideurs se montraient plus artificieux et moins traitables, les recours au parlement de Rouen jetaient dans des frais immenses et des longueurs infinies (Mémoires sur M. de Laval). On saisit l’occasion que le Canada retombait entre les mains du roi, pour guérir un mal qui ne pouvait aller qu’en augmentant, et pour substituer à un système devenu insuffisant, un autre plus conforme aux besoins et aux circonstances du pays, et qui eût du moins pour lui l’avantage d’être appuyé sur un code de lois positives et connues, la plus forte et la plus constante protection des citoyens. Les inconvéniens de l’ancien système, paraissaient d’autant plus graves que le clergé prenait part aux affaires temporelles et à l’administration de la justice. Bien des gens étaient convaincus