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HISTOIRE

dres ; mais le clergé catholique, dont le chef siégeant à Rome, et jaloux avec raison de l’indépendance de la religion, transige rarement avec la raison d’état des divers peuples soumis à son pouvoir spirituel, exigea sans réserve l’accomplissement de cette obligation, et parut ainsi intervenir dans l’action de l’autorité politique. Les gouverneurs pieux ne virent dans cette intervention que la réclamation d’un droit ; ceux qui pensaient que l’action du gouvernement doit être absolument indépendante du sacerdoce, la regardèrent comme une prétention dangereuse. M. d’Avaugour était du nombre de ces derniers.

Ainsi la question se présentait sous deux aspects, selon qu’on la regardait sous le point de vue religieux, ou sous le point de vue politique. Mais il était facile de la simplifier. Dès que le Canada cessa d’être une mission et devint une société de colons européens, le gouvernement civil devait reprendre tous ses droits et toute son autorité. Cette politique, la seule logique, eût mis fin aux réclamations du clergé qui n’aurait plus eu de prétexte pour empiéter dans une sphère qui lui était étrangère. Nul doute, du reste, que la conduite du gouvernement dans cette question n’aurait pas été différente de ce qu’elle a été ; c’est-à-dire, que la traite des liqueurs fortes n’aurait