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DU CANADA.

une grande joie aux habitans, qui commencèrent enfin à croire que le roi allait s’intéresser tout de bon à leur sort.

C’est dans cette même année qu’éclatèrent les dissensions entre le gouverneur et l’évêque de Pétrée, M. de Laval, dissensions qui troublèrent toute la colonie. Mais il est nécessaire de reprendre à ce sujet les choses d’un peu plus haut.

Depuis l’établissement du pays, faute de juges et d’autres fonctionnaires publics, le gouvernement ne subvenant point aux dépenses d’une administration civile régulière, les missionnaires s’étaient trouvés insensiblement et par consentement tacite, chargés d’une partie des devoirs de ces officiers dans les paroisses. Jetés ainsi hors du sanctuaire, ces ecclésiastiques acquirent, par leur éducation et par leur bonne conduite, une autorité dont ils finirent par se croire les légitimes possesseurs, mais dont la jouissance excita bientôt la jalousie des gouverneurs et du peuple, surtout depuis l’arrivée de M. de Pétrée, dont l’esprit dominateur avait excité d’avance les préventions de M. d’Avaugour, le dernier homme au monde qui eût voulu laisser gêner sa marche par un corps qui lui semblait sortir de ses attributions.

Lors de son arrivée, l’on avait remarqué qu’il avait visité les Jésuites sans faire la même