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HISTOIRE

le Manitou. Si la moisson, ou la chasse, était abondante, il l’attribuait au manitou. Si un malheur lui arrivait, il l’attribuait de même au courroux de ce dieu. « Ô Manitou ! s’écriait un père, entouré de sa famille, et déplorant la perte d’un fils, tu es courroucé contre moi ; détourne ta colère de ma tête et épargne le reste de mes enfans. »

Lorsque les Indiens partaient pour quelque expédition, ils tâchaient de se rendre les esprits favorables par des prières et des jeûnes. S’ils allaient à la chasse, ils jeûnaient pour se rendre propices les esprits tutélaires des animaux qu’ils voulaient poursuivre, et ensuite ils donnaient un festin dans lequel ils prenaient garde de profaner les os de cette même espèce d’animaux ; en donner aux chiens, c’eût été s’exposer à de grands malheurs.[1] S’ils allaient à la guerre, ils recherchaient, comme on l’a vu déjà, la faveur d’Areskoui, si c’étaient les Hurons, dieu des combats, par des sacrifices et des mortifications. Lorsqu’ils étaient en marche, la grandeur ou ta beauté d’un fleuve, la hauteur ou ta forme d’une montagne, la profondeur d’une

  1. Leclerc. « Ils les jettent au feu ou dans la rivière, ou les enterrent. Pour les bêtes qui n’ont point d’esprit, c.-à-.d. qui se laissent prendre aisément, ils méprisent leurs os et les jettent aux chiens. » Relation des Jésuites.