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DU CANADA.

Quoique les Sauvages de l’Amérique du nord ne pratiquassent point de religion, ils reconnaissaient néanmoins l’existence d’êtres supérieurs et invisibles, auxquels ils adressaient leurs prières spontanément lorsqu’ils voulaient éviter un mal ou acquérir un bien. Ceux du Canada disaient à Champlain, que chacun priait son dieu en son cœur comme il l’entendait. Leurs prières n’avaient pas pour objet la possession du bonheur dans une autre vie, parcequ’ils n’avaient aucune idée de la moralité. Le succès, les grandes actions, indépendamment du droit et de la justice, étaient les seuls titres qui leur ouvraient, après leur mort, ce paradis dans lequel le guerrier qui s’était distingué par des exploits, trouvait tout ce qui pouvait flatter ses sens, allumer son imagination avide de jouissances. Une terre sans animaux ni ombrage, frappée de stérilité, de maladies et de désolation, était la triste patrie de l’homme vieilli dans l’indolence et mort sans gloire.

Étonné de la majesté de la nature qui se déploie à ses yeux avec tant de richesses, de la marche invariable et régulière des astres qui ornent la voûte des cieux, l’homme demeure comme anéanti dans sa faiblesse. Sa raison consternée a besoin de croire à l’existence d’une cause première qui règle et main-