Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
HISTOIRE

jamais l’Indien ne donnait rien aux anciens, ni à ses chefs électifs ou héréditaires, désintéressement comme la cupidité n’influaient point sur leur jugement.

L’un des plus forts liens qui tenaient les sociétés indiennes ensemble, c’est le respect que la tribu avait pour chacun de ses membres. Il n’y avait d’exception à cet égard que pour les services rendus à la chose publique et pour le génie ; la considération qu’ils attiraient était toute personnelle, et n’entraînait aucune charge ni obligation onéreuse : c’était le fruit moral de la reconnaissance.

Ces égards, les tribus, les nations, les observaient entre elles en temps de paix ; les envoyés et les ambassadeurs étaient reçus avec distinction, et placés sous la protection et la sauve-garde de celles chez lesquelles ils venaient pour négocier. Cependant les passions humaines venaient jeter quelquefois la perturbation dans ces sociétés si simples et si patriarcales. Comme elles n’avaient point de code, que « les lois prohibitives n’étaient point sanctionnées par l’usage, » l’homme lésé se faisait généralement justice lui-même. La tribu n’intervenait que quand l’action d’un de ses membres lui portait directement un préjudice grave, alors le coupable livré à la vindicte publique, périssait sous les coups de la multitude. Mais