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HISTOIRE

que par surprise ; ils tuent ceux qu’ils ne peuvent emmener, et leur enlèvent la chevelure. La retraite se fait avec précipitation, et ils tâchent de la cacher, s’ils ont lieu d’appréhender une poursuite. S’ils sont pressés de trop près, les prisonniers sont égorgés, et chacun se disperse. Dans le cas contraire, ceux-ci sont gardés avec soin et attachés la nuit à des piquets de manière qu’ils ne puissent remuer sans réveiller leurs vainqueurs. C’est dans ces longues nuits qu’ils entonnent le chant de mort, et que leur voix mâle, mais triste, résonne dans la profondeur des forêts. C’est dans cette situation affreuse que l’Indien déploie son héroïsme, et qu’il brave la cruauté de ses bourreaux. « Je vais mourir, dit-il, mais je ne crains point les tortures que m’infligeront mes ennemis. Je mourrai en guerrier, et j’irai rejoindre dans le pays des ombres les chefs qui ont souffert avant moi.»  

La bourgade va au devant des vainqueurs, qui annoncent de loin leur arrivée par des cris. On fait passer les prisonniers entre deux files d’hommes qui les frappent avec des bâtons. Ceux qui sont destinés à la mort sont livrés au chef de guerre, les autres au chef de la tribu. Les premiers sont attachés à des poteaux, et l’on commence leur supplice qui se prolonge quelquefois plusieurs jours. Mais si les bour-