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DU CANADA.

vrent la trace d’un pas sur l’herbe la plus tendre comme sur la substance la plus dure, et ils lisent dans cette trace, la nation, le sexe et la stature de la personne qui l’a faite, et le temps qui s’est écoulé depuis qu’elle a été formée.[1] Ils s’appliquent à dissimuler la route qu’ils suivent, et à découvrir celle de leur ennemi. Et ils emploient pour cela divers stratagèmes. Ils marchent sur une seule file l’un devant l’autre, mettant les pieds dans les mêmes traces, que le dernier de la file recouvre de feuilles. S’ils rencontrent une rivière, ils cheminent dedans. Cette tactique est facile pour les Sauvages, parce qu’ils sont peu nombreux dans leurs expéditions. Ce sont généralement des partis de trente, quarante, cinquante hommes ; rarement excèdent-ils deux ou trois cents.

Lorsqu’ils atteignent leurs ennemis sans être découverts, le conseil s’assemble et forme le plan d’attaque. Au point du jour, et lorsqu’ils les supposent encore plongés dans le sommeil, ils se glissent dans leur camp, font une décharge de flèches en poussant de grands cris, et tombent sur eux le casse-tête à la main. Le carnage commence. Tel est le système de guerre des Indiens ; ils ne s’attaquent

  1. McIntosh. Manners of the Indians.