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HISTOIRE

régnait dans la ville, il fit faire bonne chère aux envoyés qu’il garda jusqu’au lendemain. Les habitans étaient alors réduits chacun à sept onces de pois par jour, et il n’y avait pas 50 livres de poudre dans les magasins. Kirtk n’aurait eu qu’à se présenter devant la place pour s’en rendre maître ; mais trompé par l’attitude de Champlain, il brûla toutes les barques et autres petits vaisseaux qu’il y avait à Tadoussac, et regagna le bas du fleuve.

Dans le même temps Roquemont, comme nous l’avons déjà dit plus haut, parti de France après la conclusion de la paix, et qui ne s’attendait probablement pas à rencontrer d’ennemis, entrait dans le golfe où il apprit des Sauvages que Québec était tombé aux mains des Anglais. À cette nouvelle, il dépêcha sur le champ onze hommes dans une embarcation avec ordre de remonter jusqu’à cette ville pour s’assurer de la vérité de ce rapport. Cette barque s’était à peine éloignée, qu’elle aperçut six vaisseaux ennemis, et le lendemain entendit une vive canonnade. C’était Kirtk qui en était venu aux mains avec Roquemont dont les bâtimens plus petits, pesamment chargés et manœuvrant difficilement, furent pris avec tous les colons qu’il y avait dessus. Ce capitaine oubliant qu’il portait toute la ressource d’une colonie prête à succomber, loin de chercher à éviter le