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UN AMI INDIGNE

un de ses anciens camarades, dont il partageait auparavant la vie oisive.

Il lui exposa son histoire et son désir d’avoir des mules.

L’ami s’empressa de le satisfaire, mais, lui aussi, aimait la veuve, et il se garda bien de le dire à Paksen.

Or, le matin, comme Paksen, avec les mules et les objets précieux, attendait la veuve aux portes de la ville, son ami survint. Il lui dit que les parents de la jeune femme, instruits des intentions de leur fille, l’avaient enfermée chez elle, puis avaient informé la police qu’un certain Paksen les avait volé et se trouvait avec le butin dérobé aux portes de la ville.

« Il n’y a pas de salut pour toi, ajouta l’ami de Paksen. Fuis au plus vite avec tes mules et quand le danger sera passé, je t’amènerai moi-même la jeune femme. »

C’est ce que fit Paksen.

L’ami resta près des portes et quand la veuve arriva, il lui dit :

« Tu attends en vain. Paksen ne t’aimait pas, il n’en voulait qu’à tes biens. À cette heure il est en fuite. »

La veuve fut consternée : trompée par celui qui lui avait juré de l’aimer, dépouillée de tout ce qu’elle possédait, elle ne pouvait retourner dans sa famille.

Alors, l’ami perfide lui dit :

« Venge-toi : marions-nous et nous partirons tous deux loin d’ici. »