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CONTES CORÉENS

Arrivé non loin de Pékin[1], Tori s’assit sous un arbre pour se reposer.

Sur une branche, un oiseau chanta : « Tchi-tchou ! tchi-tchou ! »

Et Tori se mit à répéter sans se lasser : « Tchi-tchou, tchi-tchou ! »

Lorsqu’il fut en présence de l’empereur de Chine, il était tellement certain d’être mis à mort incontinent que, lorsqu’on lui demanda où se trouvait le sceau impérial, il se contenta de répondre :

« Tchi-tchou ! tchi-tchou ! »

Aussitôt un courtisan tomba à genoux et avoua qu’il avait en effet dérobé le sceau de l’empereur.

Le courtisan s’appelait Tchi-Tchou.

« Je reconnais, dit le souverain, que tu es un grand devin. Tu resteras à ma cour. »

Tori ne fut pas satisfait de cette décision, car il trem­blait que son ignorance ne se manifestât un jour ou l’autre.

Aussi demanda-t-il à retourner chez lui auprès de sa femme et de ses parents.

L’empereur hésita un peu ; perdre un si grand devin !

Cependant il se résigna à le laisser partir après l’avoir royalement récompensé.

Les courtisans se moquèrent de Tori : que lui impor­tait leur moquerie ! Il revint au milieu des siens, et vécut longtemps sage, riche et honoré.


  1. Pékin — capitale de la Chine.