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CONTES CORÉENS

couverts d’écriture et les échangèrent, puis ils les cachèrent dans leur sein.

Quand ils furent arrivés chez les bonzes, le grand devin Toïn se mit à leur apprendre toutes les sciences.

Jan-Boghi et Vonléï ne pouvaient vivre l’un sans l’autre et ne se quittaient jamais.

« Dis-moi, pourquoi dors-tu toujours vêtu de ta robe ? demanda une fois Jan-Boghi à la jeune fille.

— Quand j’étais petit, je tombai si gravement malade que je faillis mourir, répondit Vonléï ; alors mon père jura que si je me rétablissais, je dormirais tout habillé jusqu’à l’âgé de 16 ans. »

Toutefois, le sage Toïn sut bien découvrir de quel sexe était Vonléï. Lorsque les deux camarades eurent quinze ans, il les envoya se baigner.

« N’as-tu rien remarqué, mon fils ? demanda Toïn à Jan-Boghi, quand les élèves furent revenus du bain.

— Je n’ai rien remarqué, maître. Pourtant, mon frère, qui se baignait plus haut dans la rivière, s’étant coupé au pied, j’ai vu du sang dans l’eau. »

Une année s’écoula, les deux camarades terminèrent leurs études ; ils avaient seize ans ; Toïn, ayant appelé Jan-Boghi, lui dit :

« Mon enfant, ton instruction est achevée et le moment est venu de te choisir une compagne, car la vie de celui qui n’a pas de descendance ne vaut rien, c’est comme s’il n’avait pas vécu. Par ta science, ton zèle et la pureté de ton âme, tu mérites la meilleure des femmes. Elle est plus près de toi que tu ne le penses. Je