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LA FEMME DE L’ESCLAVE


Un ministre avait une fille d’une beauté extraordinaire. On avait tant soin d’elle, on la surveillait si étroitement qu’elle ignorait ce qu’était le soleil, car elle ne sortait jamais de la maison. Pour elle, l’éclat de l’or remplaçait celui du soleil.

Néanmoins, quand le temps d’aimer fut venu, la jeune fille s’éprit de l’esclave de son père.

La loi punit de mort civile l’amour pour un esclave. Le coupable est considéré comme mort, on enterre son cercueil, on grave son nom sur la tombe, on pleure son trépas et on le chasse de la maison.

Quand le crime fut découvert, le ministre proposa à sa fille de quitter la maison. Mais comme elle s’y refusait, il envoya un de ses gardes chercher par tout le royaume le plus pauvre de tous les hommes. Le garde ramena un bûcheron qui habitait une grande forêt.

« Veux-tu prendre ma fille comme femme ? demanda le père.

— Je veux bien, » répondit le bûcheron.

Et il emmena la jeune fille chez lui dans la forêt.

Quand elle vit sa nouvelle habitation, l’épouse du