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Vois-tu l’amour qui se balance au vent ?
Page, veux-tu ma flambante prunelle,
Pour y noyer tes regards alanguis !
Page, veux-tu ma chevelure blonde,
Pour t’y cacher dans les parfums exquis !
Veux-tu mon sein ! Veux-tu ma hanche ronde ?
Veux-tu ma chair entière à dévorer !
Veux-tu tout mon amour pour t’enivrer !

Et la rage au cœur du page s’allume,
Il arrache, et jette au loin son manteau
D’azur et sa toque à la blanche plume,
Et sur l’étalon s’élance aussitôt.


Le coursier farouche,
Du feu qui le touche
Sent son flanc brûlé.
Et sous les chairs nues,
À travers les nues,
Bondit affolé.
N’entends-tu pas la course folle
Qui vole ?
Au loin les baisers insensés
Lancés ?
Le tonnerre éveillé frissonne
Et sonne.

L’ouragan mugit.
Perçant la tourmente,
Le cri de l’amante
Sauvage, écumante,
Dans les airs rugit.

Entends-tu la note
Qui flotte.
Qui trotte ?
Entends-tu ? le bruit
Poursuit,
S’enfuit.
Et la peau résonne,
Le cuivre frissonne.
Entends-tu, sans frein,
Gronder le refrain,
Bondir la cadence ?
C’est le tambourin
D’airain,
C’est le tambourin
Qui danse.

Et sur ces chairs qui rayonnent, tremblant,
L’enfant, le beau page, a collé sa lèvre.
Et les cheveux d’or l’enserrent de fièvre ;
Les seins cabrés lui transpercent le flanc.