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XI

où je me décide à brusquer les choses

Lorsque le vieux monsieur et la jeune dame se levèrent, je fis un signe à Manzana et nous leur emboitâmes le pas.

Ils n’allèrent pas loin. À cinquante mètres du café se trouve l’hôtel d’Albion. Ils y entrèrent.

La « filature » devenait difficile, car nous ne pouvions, Manzana et moi, sales comme nous l’étions, pénétrer dans le hall où l’on apercevait un domestique en culotte courte, raide et grave comme un bonhomme en cire.

J’eus par bonheur une inspiration. Roulant à la hâte mon mouchoir dans un journal, je confectionnai un petit paquet que je tins ostensiblement à la main, et me précipitai vers le bureau de l’hôtel, en disant :

— C’est bien le locataire du 21 qui vient de rentrer avec une jeune femme, n’est-ce pas ?… J’ai là quelque chose pour lui…

— Non, répondit d’un ton maussade une vieille caissière aux cheveux acajou, ce n’est pas le no 21 qui vient de rentrer… C’est le 34… vous faites erreur… En tout cas, si vous avez un paquet à remettre au 21, laissez-le à la caisse.

— Merci, dis-je, en esquissant un gracieux sourire, je reviendrai.

Manzana m’attendait devant la porte.

— Eh bien ? demanda-t-il.

— Eh bien… j’ai déjà une indication… Je sais quel