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retiré des affaires

comme inspecteur de la Sûreté, d’arrêter l’homme et de saisir le diamant, mais je compris tout de suite que cette façon de procéder n’amènerait pas le résultat que j’en attendais. Le marchand nous accompagnerait pour servir de témoin et, au commissariat, on confisquerait l’objet. Nous ne serions pas plus avancés que devant.

— Attention ! dis-je à Manzana… ouvrez l’œil… nous allons filer cet individu-là quand il va sortir, mais n’oubliez pas que si nous le laissons échapper, si nous perdons sa piste, nous perdons aussi notre diamant.

— Soyez tranquille… il ne nous échappera pas…

Et mon compagnon traversa rapidement la rue.

L’homme était maintenant sur le pas de la porte. Il causait avec le bijoutier, et je remarquai que celui-ci semblait chercher quelqu’un, un agent probablement, afin de lui signaler le particulier, mais en province, comme à Paris, quand on a besoin d’eux, les agents ne sont jamais là.

Je m’étais tourné à demi pour que le vieux monsieur ne pût me reconnaître. Quand enfin il quitta le bijoutier, je fis à Manzana un signe d’intelligence et me lançai sur les traces de notre voleur.

Le filou marchait d’un bon pas et il me parut que, pour un vieillard, il avait le jarret joliment élastique. Il descendit la rue Grand-Pont, tourna à droite, s’arrêta un instant pour acheter des journaux, puis s’installa sur le quai de la Bourse, à la terrasse d’un café.

Manzana et moi, nous nous dissimulâmes derrière un kiosque.

— Je crois que nous le tenons, dis-je.

— Oui, répondit mon associé, mais nous ne pouvons nous jeter sur lui, en plein jour. Si encore nous savions à quel hôtel il est descendu.

— Nous le saurons bientôt, soyez tranquille.

Un quart d’heure s’écoula. Notre gredin lisait toujours son journal, mais il devait certainement attendre