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retiré des affaires

de tenir, lui aussi, au diamant, et il n’eût pas été assez naïf pour le partager avec trois personnes.

Il s’était laissé rouler, voilà tout !

Le fiacre s’arrêta enfin devant un hôtel situé au fond d’un jardin minuscule. Je me précipitai au bureau et interrogeai rapidement la caissière.

Les renseignements qu’elle me fournit furent des plus vagues. Elle avait vu beaucoup de monde dans la soirée, des jeunes gens, des vieillards, quelques femmes, mais aucun de ces voyageurs ne répondait au signalement que j’en donnais.

Nous visitâmes encore cinq hôtels. Partout ce furent les mêmes réponses ambiguës, jetées d’un ton sec, désagréable, et quand sonnèrent deux heures du matin, nous n’étions pas plus avancés qu’à notre sortie de la gare.

Comme nous ne pouvions garder le cocher toute la nuit, je le fis stopper sur la place de la Cathédrale et demandai ce que je lui devais.

— C’est dix-huit francs, répondit-il… et le pourboire en plus.

Je me fouillai, mais au moment où j’introduisais la main dans la poche de côté de ma jaquette, un petit frisson me courut le long des reins… Mon portefeuille avait disparu !

Ceux qui avaient dérobé le diamant à Manzana avaient aussi pris mon portefeuille !

J’eus la présence d’esprit de ne rien laisser paraître de mon trouble en présence du cocher. Tirant de ma poche un papier quelconque, je dis avec aplomb :

— Avez-vous la monnaie de cinq cents francs ?

Le bonhomme roula des yeux effarés.

— Non ?… fit-il… Vous croyez comme cela que l’on se promène avec la monnaie de cinq cents francs.

— Où pourrait-on en faire ?

— Nulle part… tout est fermé maintenant…

Et, comme je demeurais indécis :

— Votre ami a peut-être de la monnaie, lui ?…