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retiré des affaires

Le train qui s’était arrêté pendant cinq minutes se remettait en marche. Nous bondîmes dans le couloir, bousculant les voyageurs, nous frayant un chemin à coups de coude.

J’avais poussé Manzana devant moi et m’en servais comme d’un bélier pour dégager le passage.

Enfin, au risque de nous rompre le cou, nous sautâmes sur le quai, au grand effroi des employés.

Comme nous étions descendus presque à l’entrée du tunnel qui se trouve au bout du débarcadère, nous fûmes obligés de revenir sur nos pas pour gagner la sortie.

Là, je questionnai à la hâte un employé qui me regarda d’un air niais.

— Voyons ! criai-je exaspéré… deux vieux messieurs… et une jeune femme… ils sont bien descendus ici… vous avez dû les voir ?…

— Sais pas !… répondit l’homme avec un accent traînant… adressez-vous au bureau de renseignements, moi j’suis là pour recevoir les billets… m’occupe pas d’la tête des gens !…

Comprenant que je ne tirerais rien de ce butor, j’entraînai Manzana. Il avait maintenant perdu de sa belle assurance et se laissait conduire comme un enfant…

Devant la gare, il y a une petite place qui va en montant vers la ville.

Des fiacres archaïques avec des cochers rubiconds et malpropres stationnaient là dans l’attente des voyageurs. Quelques taxis qui avaient déjà été retenus disparaissaient les uns après les autres, mettant sur le sol des étincellements rapides.

— Parbleu ! pensai-je, nos gredins ont pris un taxi… mais nous les retrouverons… dussions-nous bouleverser toute la ville…

Cependant, je restais là, planté devant la station de voitures, incapable d’une décision quelconque.

Pour une fois, Manzana eut une bonne idée.

— Nous n’avons qu’une chose à faire, dit-il, c’est de