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X

la jeune dame en deuil et les deux
vieux messieurs

Vingt minutes avant le départ du train, nous étions confortablement installés, l’un en face de l’autre, dans un wagon de première classe.

Le compartiment dans lequel nous nous trouvions était occupé par trois voyageurs seulement : deux vieux messieurs décorés et une jeune femme en deuil.

Ces trois personnes, je l’appris en cours de route, étaient ensemble et devaient descendre à Rouen.

Un peu après Mantes, à propos de je ne sais plus quoi, l’un des vieux messieurs adressa la parole à Manzana. Celui-ci répondit d’abord, par monosyllabes, et finit par donner libre cours à son habituelle faconde.

Il se présenta comme attaché d’ambassade, puis se mit à parler de la Colombie, du Venezuela, de l’Uruguay. À l’entendre, il avait là-bas d’immenses propriétés, employait plus de mille travailleurs et se proposait d’acheter prochainement plusieurs centaines d’hectares à la Guyane.

Les voyageurs l’écoutaient avec intérêt et l’un des vieux messieurs, qui était un peu sourd, s’était même rapproché pour mieux l’entendre.

Mis en verve par les exclamations admiratives de ses voisins. Manzana pérorait, pérorait, lançait de grandes phrases ronflantes et semblait prendre plaisir à s’écouter parler. Dans le but d’émerveiller ses auditeurs et surtout