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IX

une explication orageuse

J’ai toujours eu pour habitude de ne jamais désespérer de la Fortune, même quand elle semble devoir m’abandonner tout à fait. Le lecteur a déjà dû s’en apercevoir, et j’ose espérer qu’il n’a pas suivi, sans éprouver à mon endroit quelque inquiétude, les diverses péripéties de ce récit ou plutôt de cette confession. Il a dû remarquer aussi que, jusqu’à présent, le personnage sympathique dans toute cette histoire, c’est moi… moi, Edgar Pipe… un cambrioleur !

Puissé-je jusqu’au bout mériter cette sympathie !

Mon seul crime a été de vouloir m’enrichir aux dépens d’autrui et j’attends que celui qui n’a pas eu cette intention, au moins une fois dans sa vie, me jette la première pierre. Certes, je ne me fais pas meilleur que je ne suis, mais quand je me compare à certaines gens, je ne me trouve guère plus méprisable qu’eux. Seulement, voilà, il y a la manière… Le vol a ses degrés… Celui qui prend carrément dans la poche ou le domicile d’autrui, au risque de se faire tuer d’un coup de revolver, celui-là est considéré comme un bandit. Par contre, l’homme qui vole avec élégance, en y mettant des formes et, sans exposer sa peau, se trouve, au bout d’un certain temps, absous par l’opinion.

Drôle de société tout de même que celle où nous vivons ! Enfin !

Que l’on me pardonne cette digression… mais j’estime