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mémoires d’un cambrioleur

— Maintenant, reprit le bonhomme, vous connaissez la loi, je dois vous payer à domicile… cependant, comme m’avez l’air d’honnêtes garçons et que je tiens à vous prouver ma confiance, je consentirai à vous payer ici… à condition toutefois que vous me montriez vos papiers… carte d’électeur, quittance de loyer ou… une pièce quelconque…

— Voici, dit Manzana en exhibant froidement la lettre recommandée qu’il avait reçue, le matin même, de sa propriétaire.

Quant à moi, je tendis un vieux passeport, qui avait appartenu, je crois, à un neveu de M. Lloyd George.

Le marchand se contenta de ces pièces d’identité, et nous versa deux cent cinquante francs en billets crasseux dont Manzana s’empara aussitôt.

Je trouvai le procédé assez indélicat, mais avec un rustre comme mon « associé » il fallait s’attendre à tout.

Lorsque nous fûmes seuls, je crus toutefois devoir lui faire remarquer qu’il aurait pu, au moins, me laisser ramasser l’argent. Il se fâcha, voulut le prendre de haut, la dispute s’envenima au point qu’il me saisit au collet.

Cet accès de colère lui coûta cher, car pendant qu’il me secouait en menaçant de m’étrangler, adroitement, d’un geste rapide, je plongeai ma main dans la poche de son overcoat et lui enlevai son browning.

À la fin, honteux de sa brusquerie, il me fit des excuses que j’acceptai d’autant plus volontiers qu’il était à présent à ma merci.

Ah ! nous allions bien rire, tout à l’heure, lorsqu’il voudrait replacer le diamant dans le coffre-fort.