Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
mémoires d’un cambrioleur

chose de bien à me proposer… mais ces messieurs tombent mal, car l’argent est rare en ce moment… on ne vend rien, mais là, rien du tout… Après tout, il est possible que je me trompe, ces messieurs veulent peut-être m’acheter quelque meuble… j’ai justement un joli trumeau Louis XVI que je leur céderai presque pour rien…

— Non, trancha Manzana, nous venons vous offrir quelques objets de prix…

— Oh ! alors, si ce sont des objets de prix… allez voir ailleurs, je ne suis pas assez riche pour vous payer… Les affaires vont si mal !… Tenez, vous me croirez si vous voulez, mais je n’ai pas fait un sou, depuis deux jours… c’est à fermer sa porte… oui, là, positivement… Cependant… montrez toujours… je pourrai sans doute, à défaut d’argent, vous donner un petit conseil…

Nous avions, mon compagnon et moi, déballé nos bibelots que le rusé marchand examinait attentivement, au fur et à mesure que nous les lui passions.

— Messieurs, nous dit-il enfin, tout cela ne vaut pas grand’chose… à part la statuette et la coupe… je ne vois pas ce que vous pourrez tirer du reste…

— Mais, insistai-je, ce sucrier et cette cafetière sont en argent.

— Non… monsieur, non, détrompez-vous, ils sont en métal argenté… ce qui n’est pas la même chose…

— Cependant… ils sont contrôlés…

— Oh !… cela ne prouve rien… on contrôle tout aujourd’hui… même le melchior… cependant, oui, je crois que vous avez raison… c’est de l’argent, en effet, mais de l’argent à bas titre… Hum !… hum !… Et combien voulez-vous de tout cela ?… Si vous me faites une offre raisonnable, je consentirai peut-être à vous en débarrasser, mais c’est bien pour vous obliger, je vous le jure, car voilà des objets que je ne vendrai peut-être jamais… c’est démodé… cela ne se demande plus… Enfin… parlez…

— Cinq cents francs, dis-je sans sourciller…