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retiré des affaires

— Eh bien, qu’attendez-vous ?

Sans répondre, il prit son revolver et le posa sur une chaise, à côté de lui.

Tout en faisant jouer la combinaison, il m’observait du coin de l’œil, mais je ne bronchai pas.

Il y eut un petit déclic bientôt suivi d’un autre, et la porte de fer s’entre-bâilla. Alors, Manzana prenant le diamant, l’enfouit, après me l’avoir montré, dans la poche de son gilet.

— Voyez où je le mets, dit-il.

— Votre poche n’est pas percée, au moins ?

— Non… ne craignez rien… j’ai un gilet neuf.

Et ce disant, il glissa rapidement le revolver dans le gousset de droite de son overcoat.

Nous sortîmes. Une fois dans la rue, je passai mon bras sous celui de mon associé. Il se laissa faire sans paraître s’étonner de cette familiarité dont il devinait la raison.

— On nous prendrait pour une paire d’amis, fit-il, avec un petit ricanement…

— Il ne tient qu’à vous que nous le devenions, répondis-je hypocritement.

Manzana eut un hochement de tête et se mit à siffloter entre ses dents.

J’attendais, je l’avoue, une autre réponse que celle-là, aussi, je n’insistai pas.

J’avais cru que Manzana était devenu plus confiant, mais non, c’était toujours la sombre brute que j’avais devinée, au début de nos relations.

Ah ! comme j’aurais plaisir à duper un pareil malotru et comme j’allais m’y employer avec ardeur !

II continuait de siffloter tout en marchant et comme cela m’horripilait, je lui dis brusquement :

— Avez-vous remarqué cet homme qui est derrière nous ? Ne vous retournez pas, nous allons nous arrêter à une boutique et le laisser passer… Si c’est nous qu’il suit, nous verrons bien…