Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
retiré des affaires

chambre et fus obligé de parlementer avec lui pendant près de cinq minutes, avant qu’il se décidât à ouvrir.

Enfin, il se laissa convaincre et sortit, pâle comme un linge.

— Ce n’était que le facteur, lui dis-je.

Mais comme il se méfiait encore, je lui tendis le pli que je tenais à la main.

Nous revînmes dans le bureau, il jeta un rapide coup d’œil autour de lui, puis enfin tranquillisé, se décida à ouvrir la lettre.

— C’est la propriétaire qui m’écrit, dit-il… Elle m’annonce qu’elle revient de Nice le 5 janvier, et me rappelle qu’à cette date j’aurai mille francs à lui verser…

— Cela ne nous intéresse pas… continuons notre travail… Voyons… voici une statuette qui vaut environ cent francs !… cette coupe qui est en argent en vaut bien autant… quant à ce vase bleu qui est là, sous vitrine, et à ce drageoir émaillé, nous nous en déferons facilement.

Nous fîmes des paquets que nous plaçâmes sur la table du salon…

Aux candélabres, nous ajoutâmes un sucrier en argent, une pendulette, une cafetière en vermeil, deux ou trois bibelots qui me parurent avoir quelque prix, puis nous nous concertâmes.

— Je crois, dis-je à Manzana, qu’il est inutile d’attendre la nuit… nous pouvons partir maintenant…

— Oui… en effet… mais ne pourriez-vous pas vous charger seul de la vente de ces objets ?

— Et vous ?

— Moi, je resterais ici.

— Vous en avez de bonnes, vous… C’est cela, je vais vous laisser seul et, quand je serai parti, vous filerez avec mon diamant… Non, mon cher, je ne puis accepter cet arrangement-là… vous viendrez avec moi ou il n’y a rien de fait.

— Mais vous savez que l’on est à ma recherche…