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mémoires d’un cambrioleur

trait pas, n’était au fond qu’un être pusillanime, manquant totalement de sang-froid, en présence du danger. C’était une brute capable d’un crime, un impulsif, un de ces malfaiteurs vulgaires qui crânent, le revolver à la main, mais qui sont incapables de réagir lorsqu’il s’agit de dépister la justice.

Je me promettais bien d’exploiter à mon profit le manque d’énergie de mon associé, mais, pour le moment, il n’y avait qu’à attendre.

Pendant que nous emballions dans de vieux journaux les objets que nous avions résolu de vendre, un coup de sonnette retentit à la porte d’entrée…

— Ça y est !… murmura Manzana qui était devenu blême.

Et il restait là, planté devant moi, incapable d’une résolution quelconque.

— Remettez-vous, lui dis-je, je vais ouvrir… Cachez-vous !… tenez, dans ce placard… non… il est trop en vue !… Passez plutôt dans votre chambre, et enfermez-vous à clef… Je vais parlementer avec le visiteur… fiez-vous à moi, je ferai tout pour vous sauver…

Il y eut un nouveau coup de sonnette plus violent que le premier…

— Vite !… vite… dis-je à Manzana… disparaissez…

Il s’enfuit dans le salon, atteignit la porte de la chambre et s’enferma à double tour.

Alors, très calme, j’allai ouvrir et me trouvai en présence d’un facteur.

M. Manzana ?

— C’est moi.

— Voici une lettre recommandée, monsieur… Voulez-vous signer ?

Je fis entrer le facteur et apposai sur le livre qu’il me tendait un paraphe quelconque.

Cela fait, je lui remis vingt sous de pourboire et l’homme sortit, se confondant en remerciements. J’appelai Manzana, mais il ne répondit point. J’allai à la porte de sa