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retiré des affaires

Quand Alcide eut disparu, je me rapprochai de mon compagnon et nous continuâmes de descendre.

Une fois dans la rue, il demanda :

— Quel est ce grand escogriffe ?… le domestique de M. Bénoni, sans doute ?

— Oui… et vous avez entendu ce qu’il a dit ? Son patron est couché… Donc, rien à faire… notre expédition est manquée ?

Manzana hocha lentement la tête.

— Il faudra trouver autre chose, dit-il au bout d’un instant.

Nous étions arrivés devant un café blanc qui fait l’angle de la place des Ternes et du faubourg Saint-Honoré…

— Entrons ici, dis-je.

Je commandai deux mokas avec des petits pains. Manzana, qui me parut affamé, mangeait et buvait en silence. Un pli barrait son front jaune et il avait, par instants, de petits mouvements d’impatience. On voyait qu’il réfléchissait…

Tout à coup, il se frappa le front.

— J’ai trouvé, dit-il.

Et se penchant vers moi, il m’exposa le projet qui venait de germer dans sa cervelle de bandit.

— Mon cher Pipe, me confia-t-il, je crois que nous sommes sauvés…

— Ah !

— Oui, mais l’affaire est assez délicate.

— Un cambriolage ?

— Non…

— Au fond, j’aime mieux ça.

— Et moi aussi… mais voilà… nous allons nous heurter à bien des difficultés.

— Expliquez-vous toujours.

— Eh bien, je songe à vendre les meubles de mon appartement…

— Mais ces meubles ne vous appartiennent pas ?