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mémoires d’un cambrioleur

— Mais non… mais non… vous ne vous ferez pas pincer… Le tout est de bien prendre vos informations avant de risquer le coup…

Il y eut un silence. Manzana s’était levé, moi aussi, et nous demeurions face à face, indécis et maussades.

— Écoutez, dis-je enfin, nous sommes associés, n’est-ce pas ?

— Mais certainement.

— Or, deux associés, dans quelque affaire que ce soit, doivent courir les mêmes risques… Il ne serait pas juste que l’un assumât toutes les responsabilités, tandis que l’autre se contenterait tout bonnement de recueillir les bénéfices…

— Je suis de cet avis, mon cher Pipe…

— J’en étais persuadé, mon cher Manzana. Donc, puisque nous sommes bien d’accord, réglons un peu notre petite expédition de ce soir…

— La vôtre, voulez-vous dire.

— Pardon, mon cher ami, la nôtre…

— Alors, vous croyez que je vais vous accompagner chez M. Bénoni ?

— Et pourquoi pas ?

— Cela n’a pas été convenu…

— Voilà que vous me lâchez déjà…

— Non, mais…

— Mais quoi ?

— Je ne suis pas un cambrioleur, moi.

— Cependant, vous n’hésitez pas à partager le produit d’un vol… vous êtes, par conséquent, mon complice et si, par malheur, je suis pris, tant pis pour vous… On vous arrête, on saisit le diamant et nous allons tous deux moisir en prison…

Manzana était troublé. Il avança la main vers le revolver qu’il avait, l’instant d’avant, replacé sur bureau, mais il la retira vivement, un peu honteux de ce geste qui prouvait trop la faiblesse de son argumentation.