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VII

où j’apprends à mieux connaître mon associé

Le lecteur s’imaginera sans peine ce que fut la nuit que je passai, boulevard de Courcelles, en compagnie de Melchior de Manzana. Je ne fermai pas l’œil une minute et je crois que mon associé dormit très mal, lui aussi.

Quand le jour parut, je m’assis sur mon matelas et regardai mon compagnon. Il était éveillé.

— Eh bien, mon cher Pipe, me dit-il, avez-vous réfléchi ?

— À quoi ? demandai-je.

— Mais à notre affaire, parbleu !

— Notre affaire !… elle n’est guère plus avancée qu’hier.

— Certes, mais aujourd’hui, demain au plus tard, j’espère que nous serons tirés d’embarras. Nous allons sortir… vous tâcherez de vous aboucher de nouveau avec le domestique de M. Bénoni, de le faire parler et de savoir si son patron s’absente ce soir…

— Je vous avouerai que je ne me sens plus aucun goût pour le cambriolage… La petite aventure de cette nuit m’a tout à fait refroidi…

— Bah ! il ne faut plus songer à cela… du nerf, que diable !…

— Vous en parlez à votre aise… Et si je me fais pincer ?… vous vous en moquez, n’est-ce pas ? vous aurez toujours le diamant, tandis que moi…