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mémoires d’un cambrioleur

— Le diable vous emporte ! Ainsi, c’était pour vous en procurer que vous veniez cambrioler mon appartement ?

— Pardon ! Je ne venais pas précisément chez vous… je croyais m’introduire chez M. Bénoni, le locataire du dessus…

— Oui… c’est juste… mais alors, il faut y aller, chez ce M. Bénoni, et sans tarder encore…

— Trop tard !

— Trop tard !… et pourquoi cela ?

M. Bénoni doit être rentré maintenant.

— Qu’en savez-vous ?

— J’en suis à peu près sûr… Vous pensez bien qu’avant de « partir en expédition », je m’étais renseigné…

— Et qui donc vous avait renseigné ?

— Le domestique…

Il faudra vous aboucher avec lui, et cela dès demain… Peut-être que demain soir vous pourriez « tenter le coup » de nouveau.

Manzana baissait de plus en plus dans mon estime. Cet homme, qui avait paru s’indigner que je crochetasse sa serrure, me pressait maintenant d’aller cambrioler ses voisins. C’était décidément un bien triste individu. Et dire que les circonstances m’avaient associé à une pareille fripouille !

Comme je ne répondais pas, il s’emporta :

— Eh bien… quand vous me regarderez avec un air hébété… Voyez-vous une autre solution ?

— Pour le moment… non.

— Peut-être bien que demain vous aurez une inspiration… la nuit porte conseil… Allons, il est tard… c’est le moment de se mettre au lit… Je vous céderais bien ma chambre, mais méfiant comme vous l’êtes, vous verriez encore là quelque piège… Il est plus simple que nous couchions ici tous deux… près du coffre-fort…