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mémoires d’un cambrioleur

c’est dans les choses possibles, mais cela diminuera considérablement sa valeur.

— On en retirera toujours trois millions, au minimum.

— Ah ! tant que cela, vous croyez ?… Moi, j’estime qu’une fois morcelé, il vaudra tout au plus deux millions…

— Ce sera encore une bonne affaire…

— Certes… mais dites-moi donc, je ne vois pas pourquoi nous ne partagerions pas…

— Il me semble que vous aviez accepté cinq cent mille francs…

— Oui… c’est vrai, mais j’ai réfléchi… J’estime maintenant que nous devons partager…

J’étais pris… Que pouvais-je refuser à cet individu qui me tenait sous la menace de son revolver. Je souscrivis donc à toutes ses conditions, bien décidé à discuter plus tard, avec lui, quand je pourrais-enfin exprimer librement ma pensée. Pour l’instant, j’étais dans la situation d’un homme qui se noie et qui cherche à se rattraper à la moindre branche, à la plus précaire des épaves.

— Soit, dis-je, j’accepte… nous ferons deux parts égales, de la somme que nous retirerons du diamant.

Et j’ajoutai hypocritement :

— D’ailleurs, je serai très heureux de vous obliger, car j’avoue que vous m’êtes très sympathique.

Melchior de Manzana me regarda avec méfiance.

— N’exagérez pas, dit-il.

— Je vous assure…

— C’est bien, trancha-t-il… puisque nous sommes d’accord, remettez-moi l’objet, je vais le serrer dans mon coffre-fort.

— Ah ! pardon, fis-je… cela n’était pas dans nos conventions.

— Possible… mais vous admettrez bien que je m’entoure de quelques garanties… Vous ne supposez pas que je vais vous laisser filer avec votre diamant…