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mémoires d’un cambrioleur

— Parbleu !… il est vrai, je le vois bien, il est même…

Et en disant ces mots, il avança la main, mais je retirai vivement la mienne.

— Jamais, prononça-t-il, vous ne vous débarrasserez de cet objet-là…

— Vous croyez ?

— J’en suis à peu près sûr.

— Ne vous inquiétez pas de cela… je sais où le placer.

Nous nous regardâmes un instant. Mon interlocuteur semblait s’être radouci et il avait laissé retomber son bras droit… Je crus qu’il allait poser son revolver sur la table, mais il le gardait toujours à la main…

— Vous voyez, dis-je, que je ne vous avais pas trompé… allons, acceptez-vous ma proposition ?

L’homme brun parut réfléchir, puis au bout d’un instant :

— Eh bien oui… j’accepte, mais à une condition.

— Laquelle ?

— C’est que vous allez immédiatement déposer ce diamant dans mon coffre-fort…

— Ah !… fis-je, légèrement ému… et après ?

— Après… nous causerons…

— Ne pouvons-nous causer maintenant ? Que pouvez-vous craindre ?… vous avez un revolver, moi, je n’en ai pas… Je suis à votre discrétion.

— C’est vrai… eh bien, asseyez-vous sur ce divan, là, en face de moi.

Je pris place sur le divan ; mon interlocuteur s’assit dans un fauteuil, derrière son bureau et plaça son browning à côté de lui. Il avait tourné la lampe électrique dans ma direction, de sorte que je me trouvais en pleine lumière, tandis que lui m’apparaissait vaguement dans l’ombre… Ses yeux, qui brillaient comme deux escarboucles, étaient continuellement fixés sur les miens, et j’éprouvais une certaine gêne, sous l’influence de ce regard magnétique, inquiétant et narquois.