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mémoires d’un cambrioleur

la salle des Antiquités Égyptiennes, la nuit où j’ai volé le Régent… »

Nous suivîmes une galerie, puis une autre, et arrivâmes enfin dans un couloir où s’ouvraient plusieurs portes capitonnées. Un gardien en manches de chemise était en train de brosser sa redingote devant une fenêtre.

— Heurtebize, dit mon guide, voici un monsieur qui voudrait parler au Conservateur pour une affaire personnelle.

Le nommé Heurtebize endossa vivement sa redingote, et s’avançant vers moi :

— Si monsieur veut bien me donner sa carte…

Je fouillai dans mon portefeuille, mais je n’y trouvai point de carte, bien entendu, car j’avais oublié — on ne pense pas à tout — de faire graver une centaine de bristols au nom de James Bruce…

Le brave fonctionnaire voyant mon embarras me conduisit vers une petite table sur laquelle je trouvai des formules imprimées… J’inscrivis mon nom sur une de ces feuilles…

— Veuillez attendre, monsieur, dit le gardien.

Dix minutes après, j’étais devant M. le Conservateur, un petit vieillard très affable, qui était assis devant un grand bureau de chêne encombré de revues et de journaux. Il se souleva à demi sur son fauteuil et m’invita à m’asseoir.

— Monsieur, lui dis-je, je viens ici accomplir un devoir…

Il me regarda d’un air étonné.

— Oui… repris-je… un devoir… Il y a trois ans et demi, un misérable s’est rendu coupable d’un vol… À son lit de mort, il a tout avoué… et m’a prié de rapporter au Musée du Louvre l’objet qu’il avait dérobé…

— Et quel est cet objet ? demanda le Conservateur dont les yeux s’étaient allumés.

— Voici, dis-je, en présentant le Régent à mon interlocuteur.