Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/431

Cette page a été validée par deux contributeurs.
431
retiré des affaires

— Voici les diamants de la Couronne… Le Régent, le plus beau diamant connu… il pèse cent trente-six carats, c’est-à-dire environ vingt-huit grammes, et est estimé de douze à quinze millions…

Je ne pus m’empêcher de sourire, en voyant tous ces badauds s’extasier devant une pierre fausse, car l’administration du Louvre avait, comme je m’en doutais, remplacé par un fac-similé le diamant que j’avais dans ma poche. Je dus reconnaître cependant que l’imitation était parfaite, et faisait le plus grand honneur au talent de l’artiste qui avait taillé ce « strass ».

— Cette épée est celle de Charles X, continuait l’interprète, la garde et la poignée sont en or ciselé. Remarquez, messieurs et dames, que tous les dessins que vous voyez sur la garde et la coquille sont faits de pierres enchâssées…

Des murmures approbateurs soulignaient la diction du guide, et couvraient par instants sa voix.

J’éprouvais une joie secrète à suivre cette foule de curieux qui bayaient d’admiration en contemplant un diamant faux… Mais il n’y avait donc pas un connaisseur parmi tous ces gens-là !…

Onze heures sonnèrent à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois et le timbre vibrant de cette cloche, qui me rappelait ma triste nuit de Noël, me rappela aussi que j’avais une démarche à accomplir…

Je m’approchai d’un gardien et lui demandai où se trouvait le cabinet du directeur.

— Oh ! monsieur, répondit l’homme, le Directeur vient bien rarement, mais si vous voulez voir le Conservateur de service… il est peut-être là… Est-ce pour une affaire personnelle ?

— Oui…

— Veuillez me suivre, je vais vous conduire.

Tout en emboîtant le pas au gardien, je pensais à part moi : « C’était peut-être celui-là qui était de garde dans