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XXV

où j’éprouve une dernière surprise

Édith et moi nous habitâmes une huitaine la petite mansarde de la rue Girardon… C’était charmant… Édith était gaie comme un oiseau, et moi, je me sentais revivre. Quelquefois, quand venait la nuit, nous nous accoudions sur l’appui de la fenêtre, et regardions Paris qui, dans la brume, avec ses lumières, ressemblait à un lac immense dans lequel se refléteraient les étoiles. Autrefois, il nous avait fait horreur, ce grand et beau Paris, mais à présent, nous l’aimions, car c’était là qu’avait enfin commencé notre bonheur…

Un soir que nous venions d’ébaucher des projets d’avenir, comme Édith s’étonnait que je fusse devenu riche tout d’un coup, je lui dis, en lui prenant les mains :

— La malchance finit toujours par abandonner sa proie, Édith, et l’homme qui a beaucoup souffert trouve ici-bas sa récompense… Je ne sais si, dans l’autre monde, on nous demandera compte de nos actes, mais ce qu’il y a de certain, c’est que, sur cette terre, il y a déjà une justice…

— Edgar, me dit ma maîtresse, vous vous exprimez en ce moment comme un pasteur… et j’aime à vous entendre parler ainsi.

— Plût au ciel que j’eusse été un pasteur… au lieu d’être ce que j’ai été… un cambrioleur !

— Mais, en ce cas, Edgar, vous ne m’auriez pas connue…