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mémoires d’un cambrioleur

cette affaire ? Bah ! que dirait-il ? Qu’un nommé Edgar Pipe avait dérobé le Régent… Mais où trouver Edgar Pipe ? Il n’existait plus…

Tout cela ne laissait pas de m’inquiéter, bien que je m’efforçasse de trouver des raisons propres à me rassurer. Soudain, une idée me vint à l’esprit… une idée que j’avais eue déjà, mais que j’avais tout d’abord repoussée. Aujourd’hui, elle me paraissait moins saugrenue, et je m’y arrêtai avec complaisance, la triturai, la retournai, la mis au point, en un mot, et quand je l’eus bien envisagée sous toutes ses faces, je partis d’un bruyant éclat de rire…

J’avais trouvé…

Oui… j’avais trouvé le moyen de me débarrasser de mon diamant d’une façon assez originale, et l’on verra plus loin que le moyen était simple… très simple, même, et devait réussir… à la condition toutefois que je n’attendisse point trop longtemps…

Restait une autre question qui me semblait assez compliquée… Devais-je avouer à Édith l’origine de ma fortune ? Ma maîtresse était, depuis quelque temps, devenue si honnête qu’elle pouvait prendre très mal cette révélation… Il valait mieux ne pas la mettre au courant du petit drame du Sea-Gull, drame dans lequel j’avais, somme toute, joué un rôle odieux… Et puis, en avouant, je donnais à Édith une arme contre moi. Une brouille pouvait, un jour ou l’autre, survenir entre nous, à la suite d’une de ces scènes si fréquentes dans les ménages irréguliers… et même dans les autres… Ma maîtresse, cédant à un coup de tête, pouvait me dénoncer…

Elle le regretterait ensuite, cela était certain, mais le coup serait porté… Il ne faut jamais être trop confiant avec les femmes qui sont des petits êtres charmants, mais impulsifs et auxquels la jalousie fait parfois commettre les pires sottises. Édith, il est vrai, connaissait maintenant la vie, et était renseignée sur mon passé, mais il me semblait inutile de lui apprendre cette nouvelle canaillerie… J’en avais déjà bien assez sur la conscience !… Réflexion faite,