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mémoires d’un cambrioleur

aussi m’a reconnue, car il m’a suivie aussitôt, mais je m’étais approchée d’un agent, et il n’a pas osé m’aborder… Il demeurait planté au bord du trottoir et attendait le moment où je me remettrais en route… J’ai profité d’un encombrement pour m’esquiver et me suis mise à courir comme une folle… Oh ! cet homme !… si j’allais le rencontrer encore !

— Tranquillisez-vous, ma petite Édith, vous ne le reverrez plus…

— Est-ce possible ?

— Puisque je vous le dis… Bill Sharper est en ce moment entre les mains de la justice…

— Oh ! si vous pouviez dire vrai !

— C’est certain… Manzana aussi a été arrêté…

— Comment, ils étaient donc tous les deux à Paris ?

— Non… on les a arrêtés à Londres… dans un établissement de Pennsylvania Street… C’est Allan Dickson qui les a capturés.

— Allan Dickson !… ce maudit détective qui avait l’air de tant s’intéresser à nous et qui, cependant, est cause de tous nos malheurs… Oh ! ne me parlez jamais de cet individu-là, Edgar…

— Allan Dickson a fait son devoir, Édith.

Il y eut un silence.

Ma maîtresse me regarda un instant, puis, me pressant tendrement la main.

— Ne pensons plus à cela, dit-elle… Ne sommes-nous pas heureux, maintenant ?

— Oui, Édith, nous sommes heureux… et vous avez raison, il faut oublier le passé… Figurons-nous que nous avons fait un mauvais rêve.

Nous étions devant la maison où ma maîtresse allait reporter ses blouses.

— Renvoyez votre taxi, dit-elle, car je vais peut-être en avoir pour un certain temps… Il m’arrive quelquefois de poser une heure avant de pouvoir remettre mon ouvrage… ensuite, il faut que je fasse établir mon bon