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XXIV

rédemption

La pluie avait cessé. Un joli soleil de printemps dorait la façade des maisons. L’air était doux, une brise molle courait par les rues. Je hélai un taxi, et après y avoir fait monter Édith, jetai au chauffeur l’adresse qu’elle m’avait donnée…

— Mais vous êtes toute trempée, remarquai-je… Vous allez prendre froid… Il faut rentrer chez vous pour vous changer.

Édith sourit tristement.

— Ce serait difficile, dit-elle… car je n’ai qu’une robe… celle que j’ai sur le dos… Mais ne craignez rien, je suis habituée à la pluie… Ce n’est pas la première fois que je reçois une averse… Je crois que décidément il pleut autant à Paris qu’à Londres… seulement (je ne sais si c’est une idée) la pluie de Paris me semble plus gaie que celle de Londres.

Nous arrivions au bas de la rue Notre-Dame-de-Lorette, et le taxi allait s’engager dans le faubourg Montmartre, quand Édith me saisit vivement le bras, en disant :

— Oh ! non… non… ne passons pas par là…

— Et pourquoi ?

— Je vous le dirai tout à l’heure.

Je donnai l’ordre au chauffeur de prendre la rue Bourdaloue et la rue Laffitte…

— Figurez-vous, me dit Édith, au bout d’un instant, que l’autre jour… dans le faubourg Montmartre, devant un petit bar… j’ai aperçu Bill Sharper… Oui, Edgar… je l’ai vu comme je vous vois… et l’ai bien reconnu… Lui