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retiré des affaires

et je vous avoue que j’ai été bien près de céder au découragement, mais Dieu m’a protégée… J’ai eu la chance de rencontrer une brave dame, qui m’a recommandée à un entrepreneur de confections, et on m’a donné tout de suite de l’ouvrage… Oh ! cela n’a pas marché tout seul, les premiers jours… J’avais perdu l’habitude de coudre… Songez donc que je n’avais pas touché une aiguille depuis ma sortie de pension !… Je n’allais pas vite au début, mais maintenant je suis devenue assez habile… et gagne bien ma vie…

— Ah !… et qu’est-ce que cela vous rapporte, la couture ?

— Cela dépend… il y a des travaux qui sont assez ingrats, mais d’autres qui sont meilleurs… Quand j’ai des blouses à faire, par exemple, comme celles que je reporte aujourd’hui, je puis me faire soixante francs par semaine…

Soixante francs par semaine et elle trouvait, la malheureuse, qu’elle gagnait bien sa vie !

— J’espère, reprit-elle, que l’on va avant peu me donner un travail plus soigné, alors, cela ira mieux encore… Mais je suis là qui parle de moi, et j’oublie de vous demander ce que vous avez fait depuis notre séparation… Et votre diamant ?

— N’en parlons pas, Édith, il m’a causé trop d’ennuis…

— Alors, c’était sérieux… vous aviez un diamant ? un vrai ?…

— Oui… un vrai… Pour le moment, sachez, my darling, que je suis riche… riche à millions…

Édith me regardait, un peu inquiète, se demandant si le malheur ne m’avait pas troublé la raison…

— Oui… riche à millions, repris-je, et l’ouvrage que vous reportez maintenant à votre confectionneur sera le dernier… Bientôt, nous reprendrons la grande vie… Au lieu de végéter dans une chambre garnie, nous aurons notre hôtel, à nous, des domestiques, une auto… Vous