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mémoires d’un cambrioleur

Je finis cependant par me rassurer un peu. J’avais promis à ma maîtresse de lui écrire poste restante, mais la date que je lui avais fixée était bien vague… et bien lointaine encore… Tant que les délais ne seraient pas expirés, je n’avais pas le droit de maudire Édith…

Je lisais beaucoup les journaux anglais, non point pour y savourer l’éloquence mielleuse de M. Lloyd George, mais pour me tenir au courant des petits drames que nous appelons chez nous Diary misdeeds.

Or, un matin, en ouvrant la Morning Post, un titre en caractères gras attira soudain mon attention :

THE WHITE-TRACT

Et je lus :

« Notre grand détective Allan Dickson, qui, depuis quelques années, a remplacé le pauvre Herlokolms actuellement interné à Bedlam, vient de mettre la main sur deux ignobles trafiquants nommés Bill Sharper et Manzana. Cernés dans un bar de Pennsylvania, ces bandits ont opposé une résistance désespérée. Conduits au poste de police et interrogés par le Chief-Inspector, ils ont fini par entrer dans la voie des aveux et par reconnaître que, depuis plusieurs mois, ils se livraient à la « traite des blanches ». Ce ne serait point, paraît-il, le seul méfait qu’on aurait à leur reprocher, car Allan Dickson a relevé contre eux des charges accablantes attaques nocturnes, vol avec effraction, tentative d’assassinat… Il est probable qu’avant peu ces dangereux malfaiteurs seront pour longtemps logés à Reading. Allan Dickson, que nous avons vu ce matin, est persuadé que l’instruction de cette affaire durera plusieurs semaines, et qu’elle amènera la découverte d’un grand nombre de méfaits dont les auteurs avaient jusqu’à présent échappé à la justice. »

Tout s’arrangeait au gré de mes désirs. Je n’avais plus à craindre ni Bill Sharper, ni Manzana… Il est vrai que ce dernier n’était pas bien dangereux, puisque je ne risquais point — et pour cause — de le rencontrer à