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retiré des affaires

mode en vérité, mais je ne saurais admettre une telle excuse… mon devoir est de vous faire arrêter, car si je vous laissais partir, demain vous recommenceriez votre joli métier et feriez peut-être des victimes…

— Oh ! non, je vous le jure, répondis-je d’un ton larmoyant…

— Ta, ta, ta !… tout ça, c’est de la blague… vous cherchez à m’apitoyer, mais vous n’y réussirez pas… D’ailleurs, vous ne dites pas un mot de vrai… vous prétendez vous être trompé d’étage, cela n’est pas exact…

— Je vous jure que j’allais chez M. Bénoni…

— Oui… dites que vous y êtes allé, et que, n’ayant rien trouvé chez lui, vous avez pensé vous rattraper ici… Ça ne prend pas… allez raconter cela à d’autres, mais pas à moi…

Je crus devoir jouer le grand jeu.

— Monsieur, écoutez-moi, répliquai-je… je sais qu’il sera bien difficile de vous convaincre… cependant… si vous voulez m’accorder quelques minutes d’attention…

— Vous n’allez pas me faire une conférence, je suppose… Ah ! non, en voilà assez !… Allons, ouste ! descendez avec moi chez le concierge…

— Une seconde, je vous en prie…

— Descendez, vous dis-je…

— Vous ne voulez pas m’écouter, vous avez tort !… Tenez, je m’explique… Je ne sais quelle est votre situation de fortune, mais si vous consentez à me laisser libre, je vous donne cinq cent mille francs…

— Vous êtes fou…

— Non… c’est sérieux… tout ce qu’il y a de plus sérieux… Vous m’avez pris pour un cambrioleur… eh bien ! vous vous êtes trompé… je suis riche… riche à millions, entendez-vous.

Mon interlocuteur me regarda d’un air inquiet…

Comme je m’étais rapproché, il crut sans doute que j’allais me jeter sur lui, car il leva de nouveau son revol-