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retiré des affaires

aux employés du bateau « les papiers du colonel George Flick, né à Birmingham, le 16 octobre 1880, titulaire de l’ordre de la Couronne des Indes et de la Military Cross ».

La seule chose que j’eusse à craindre maintenant, c’était que cet intempérant colonel ne s’embarquât sur le même vapeur que moi, mais je me tiendrais sur mes gardes.

Par bonheur, le pasteur et moi le retrouvâmes le lendemain au même restaurant, et il nous raconta sa mésaventure. J’appris aussi qu’il resterait encore à Santa-Cruz une quinzaine de jours… Je ne risquais donc pas de le rencontrer sur le bateau.

Tout s’arrangeait au gré de mes désirs et je me sentais plus tranquille.

J’employai la journée qui me restait à parcourir la ville, toujours en compagnie du révérend, qui devenait passablement rasoir.

L’heure du départ arriva enfin. Je pris mes billets ainsi que ceux du pasteur (générosité qui me valut la bénédiction du brave homme) et n’eus à décliner ni mon nom ni celui de mon compagnon.

À Santa-Cruz, on est moins formaliste qu’en Angleterre. Du moment que l’on paie, on ne vous demande pas qui vous êtes, ni d’où vous venez…

Le paquebot sur lequel nous nous embarquâmes, s’appelait le Velasquez. Il était peint en bleu, un bleu cru, criard et commun qui eût fait hurler sans nul doute l’illustre parrain dont il avait pris le nom. Ses cabines étaient loin d’être confortables, mais quand on a, comme moi, habité des taudis infects, on ne se montre guère difficile.

Cependant, à peine à bord, je compris qu’il me serait impossible de me promener continuellement avec ma valise à la main. Je ne pouvais pourtant pas la laisser dans ma cabine. Je pris dont le parti de simuler un malaise, et pendant les trois jours que dura la traversée, je demeurai couché. Le pasteur venait me voir, et le steward m’apportait mes repas.