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retiré des affaires

— et qui m’avait coûté si cher — n’avait pas été inutile.

— Oui, Stone, repris-je… vous allez disparaître… Pour tout le monde, mais surtout pour la Banque d’Angleterre, il faut que vous soyez rayé du nombre des vivants…

— Comment, monsieur Dickson ! s’écria le pauvre Stone effaré… vous voulez…

— Laissez-moi donc achever, voyons… Oui, il faut que vous disparaissiez… À partir de ce jour, vous n’existez plus… Je dirai qu’au moment où je me suis présenté pour vous arrêter, vous vous êtes donné la mort… et que votre femme affolée, s’est jetée à la mer… et s’est noyée, bien entendu… Voilà donc une première question réglée. Les voleurs ont, par le suicide, échappé à la Justice, mais reste la question d’argent. Si je vous enlève la totalité de la somme qui se trouve ici, il vous sera impossible de payer la location du Sea-Gull, et le capitaine, vous fera arrêter… La police officielle s’emparera de l’affaire et le vol de la Banque reviendra sur l’eau… Vous serez jugés, condamnés, et je ne pourrai point vous sauver, cette fois… Donc, voici ce que j’ai décidé… Je rendrai à la Banque d’Angleterre cent cinquante mille livres, et vous en laisserai cinquante mille… Avec cela, vous pourrez vous tirer d’affaire, et mener au Brésil ou ailleurs, sous le nom de Pickmann, une petite vie tranquille…

— Oh ! merci ! merci ! monsieur Dickson, s’écria Mme Stone en couvrant mes mains de baisers… Vous êtes un brave cœur… Oui, cinquante mille livres nous suffiront… Nous avons des goûts modestes… vous le savez bien.

Richard Stone me remerciait, lui aussi, et appelait sur ma tête toutes les bénédictions du ciel… Il alla prendre dans la mallette en peau de porc les cent cinquante mille livres que je devais rendre à la Banque d’Angleterre, et me les remit, en disant :

— Voici, monsieur Dickson… Veuillez vérifier.

— Inutile, j’ai confiance en vous… Au moment où